Le plus grand sport du monde

Thierry Roland : « C’est dans une véritable fournaise, à Ziba, que nous vous retrouvons pour ce match, j’allais dire de très haut niveau. »

Jean-Michel Larqué : « Tout à fait Thierry. Bien qu’il s’agisse d’un match d’entraînement, je pense que chaque joueur de chacune des deux équipes est là pour se faire respecter. Il y a encore des places à gagner dans la composition du match de championnat demain ».

TR : « Le match va commencer à 17 heures, nous sommes vendredi, c’est la fin de semaine. Je vois d’ici les routiers qui se garent au bord de la route pour passer la nuit dans ce petit village aux allures de « relais-routier ». Mais retour sur la pelouse du stade de Ziba ».

JML : « Cette pelouse d’ailleurs, parlons-en ! Je veux bien admettre qu’on est dans un relais-routier du fin fond de la Tanzanie, où il faut s’enfoncer plus de 10 minutes de marche dans le village, ou plutôt la brousse dirais-je pour trouver le stade. Ce que je vois, c’est plutôt un espace à peu près plat, à peu près rectangulaire, avec deux cages de part et d’autre, composée de deux grands bâtons reliés entre eux par un sorte d’élastique (pneu coupé comme une orange pelée?).

TR : « Ces africains sont les champions du bricolage, Jean-Michel, ne l’oublions pas ! »

JML : « Je crois que le match va commencer. Je vois tous les joueurs s’échauffer à présent. Le manager – Daniel – compose les équipes et l’arbitre est désigné. Sa tenue me semble à la limite du réglementaire : il a son sifflet mais ses tongs vont le gêner.

Nous appellerons Joël Quiniou pour nous le confirmer ».

TR : « Mais, que se passe-t-il ? On dirait qu’un métèque veuille se faire remarquer ?

JML : « Oui, euh, enfin Thierry, non ! Il s’agit d’un joueur, certes blanc, non prévu, qui vient d’entrer sur la pelouse. Je ne pense pas que cela ait été prévu. Un certain Jean Espinasse m’apprend-on à l’oreillette. Vous connaissez ?  ».

TR : « Négatif »

JML : « Dans son délicat maillot de laine bleu, il intègre l’équipe des rouge. A la place de n° 6 apparemment. Bah, cela semble faire rire Daniel ».

TR : « Le stade est désormais plein à craquer, avec ses 349 spectateurs. Le coup d’envoi est donné ».

JML : «  les rouges sont de suite à l’offensive, avec une belle densité en milieu de terrain. Il faut dire qu’avec les 4 milieux défensifs présents sur les 9 joueurs de champs, c’est une beau rideau qui s’oppose aux deux meneurs de l’équipe sans maillots ».

TR : « Oui, la première occasion est d’ailleurs pour les rouges avec le fameux ailier gauche qui donne déjà du fil à retordre aux défenseurs sans maillots »

JML : « Les rouges sont bien en place, le ballon circule bien. Ils asphyxient littéralement les sans maillots qui ne peuvent compter que sur l’exploit individuel. Et le terrain n’aide pas sur ce plan là ».

TR : «  Et c’est une débordement de l’ailier gauche des rouges qui parvient à centrer. Jean Espinasse est là pour le reprendre, le marquage est particulièrement lâche. Et c’est …. au-dessus. Quelle maladresse !! Le stress sans doute pour cet invité de la dernière minutes »

JML : « Si vous voulez mon avis, en voilà un qui ne sera pas sélectionné demain… »

TR : « Cela donne des ailes aux sans maillots. Ils parviennent à poser le jeu, reprendre un peu de possession de balle. »

JML : « Bon, le troupeau de chèvres étant sortit du terrain, le jeu peu maintenant se dérouler normalement…

Le jeu est plus équilibré. Le travail défensif des rouges est de qualité. Je soulignerais aussi cette spécificité tanzanienne de remise en jeu par le gardien systématiquement à un défenseur pour construire le jeu jusqu’au but adverse. Plus qu’une consigne, cela semble un art de jouer ici ! »

TR : «  et ça marche ! Sur une relance, les rouges font remonter le ballon. Cela aboutit à l’ailier droit cette fois, qui ne manque pas son duel face au gardien sans maillot. 1-0 pour les rouge, juste avant la mi-temps. Voilà qui va peut être pousser les sans maillots à la révolte ».

JML : « Ou au naufrage. C’est quitte ou double ».

[pas d’eau à la mi-temps. Les 70 km de vélo de la journée commencent à se faire sentir. Le jeu va reprendre vite fait, le temps de quelques photos]

TR : « Nous voilà repartis pour cette seconde période »

JML : « les sans maillots sont revenus avec d’autres intentions. Ils sont plus durs dans les contacts, plus tranchants dans les interventions. Le dense milieu rouge n’est plus que l’ombre de lui-même ».

TR : « Et c’est le but ! Les sans maillots reviennent au score par un déboulé plein axe qui laisse les rouges sur place. On les dirais sans jus »

JML : « A-pa-thi-ques, ils sont apathiques. A ce niveau, cela ne pardonne pas ».

TR : « Tout est à refaire pour les rouges, il va falloir du cœur et des efforts »

Roland Courbis : « Il va surtout falloir qu’un ou deux joueurs prennent leur responsabilité en comblant l’énorme trou entre les lignes de milieu et d’attaque chez les rouges. Il y a un ventre mou qui profite aux sans-maillots »

JML : « Roland, je suis tout à fait d’accord. Le ventre mou, ça te connaît. »

TR : « On approche de la moitié de la deuxième mi-temps »

JML : « Bel enchaînement des rouges avec remontée de balle jusqu’à l’ailier gauche. Maladroit, il perd la balle »

TR : « et c’est une magnifique reprise instantanée du gauche à 20 mètres qui vient heurter le montant opposé du cadre pour finir dans les filets – manquant- des cages. Jean Espinasse nous a sorti le grand jeu ce soir !! »

JML : « But magistral ! Quel boulet de canon. La foule est en délire ! Les mamas crient, Daniel applaudi, les jeunes lancent des ‘Neymar, Neymar’… Mais c’est Daniel qui conclu par un plus réaliste « Didier Deschamps !! ». C’est une ovation ! »

TR : « Après ça, on peut mourir tranquille. Quel match, bon dieux, quel match »

JML : « le score en reste là : 2-1 pour les rouges »