La barre des 4000

Du 17 au 23 avril.

 

Entre le Mozambique et la Croatie, mon cœur balance. Aucun plat n’existe ici, ce n’est que montée et descente. Pas d’échappatoire: les montées sont sèches, rudes, impitoyables. Que d’efforts pour peu de récompense à la fin de la journée. Les 50 km sont déjà éreintants. Les 70 une lutte interminable.

Et les changements avec la TANZANIE ne favorisent pas le cyclo randonneur dans ce nord mozambicain  :

  • très peu de fruits et légumes sur les marchés. Peu de chose en dehors du manioc, des pommes de terres, des cacahuètes, du riz, des noix de coco et des oignons (ça à l’air long d’énumérer comme ça, mais pour un pic-nic, c’est rude là aussi!). C’est une aubaine de distinguer quelques bananes ou tomates. Mais notre préféré est l’énorme concombre mozambicain. Quelle mensuration !! Seule l’arrivée sur Pemba nous fait montre de plus de travail de la terre et de couleurs chatoyantes sur les étals ;
  • bien moins de ces petits hôtels (ici « pensao ») qui offrent un repos sûr et intime au cycliste fourbu. Mais où que l’on dorme, c’est toujours l’occasion de scènes de vie où le rire, la curiosité et l’admiration (des vélos) nous sont offerts comme une récompense ;
  • La fin de la saison des pluies apporte son lot de fleurs et de couleurs. Mais ça ne sent pas la rose pour autant. Désolé de le dire, la campagne du MOZAMBIQUE, ça pue la merde ! On a tôt fait d’identifier la raison : les hautes herbes qui bordent la route (plus hautes qu’un homme) offrent un camouflage parfais pour y délaisser son étron de bon matin, à l’entrée ou la sortie du village. Et certains ne se donnent pas la peine de franchir cette barrière verte et défèquent directement sur la route. Sympa pour le passant. Au moins, pas besoin de panneau ni d’antenne pour nous prévenir de la civilisation approchante. Mais chose étonnante, les villages sont eux d’une netteté rencontrée ni au KENYA ni en TANZANIE. Maison proprette, petit jardin avec culture vivrière (manioc en général), cours ratissée et parfois cloisonnée.
  • Il y aussi cette histoire des fuseaux horaires. Le MOZAMBIQUE a choisi le fuseau GMT +2, soit le même que la France en heure d’été. Seulement, si ce choix doit correspondre à la position du soleil à MAPUTO, la capitale tout au sud, ça donne un résultat étrange dans le nord du pays bien plus à l’est. Le soleil se lèvre autour de 5h15 du matin, pour se coucher à … 17h20. Midi solaire, très important à percevoir, « car il y a toujours quelque chose qui se passe » tombe vers 11h20. Bref, cela étire nos matinées qui rognent sur l’après midi. Mais nous avons ajustée nos pauses matinales et, sur les coups de 10h45, n’oublions jamais de nous nourrir d’un ou deux « corchia ». Les « corchia » sont des gâteaux achetés à ZANZIBAR et composés de sucre, de noix et de cardamone. Le tout très dur comme du nougat et dense comme un bon pain d’épices. Ça plombe, ça remplit. Bref, ça nous aide à boucler la longue matinée mozambicaine !

 

Dur dur...
Dur dur…
Une autre. Détail remarquable : un arbre mort encore sur pied. Pas vu en Tanzanie ou au Kenya : pression forestière moindre?
Une autre.
Détail remarquable : un arbre mort encore sur pied. Pas vu en Tanzanie ou au Kenya : pression forestière moindre?

 

super comcombre
Concombre transgénique ou nouvelle variété ?
Pas d'eau à notre arrivée dans cette pension. Voici les porteurs qui nous ont approvisionnés. Merci à eux!
Pas d’eau à notre arrivée dans cette pension. Voici les porteurs qui nous ont approvisionnés (au centre, leur victoire!). Merci à eux!
Le fan club d'Amandine
Le fan club d’Amandine
Belle fleur, suspectes odeurs!
Belle fleur, suspectes odeurs!
Maison et son jardin de manioc ET clôture! Le luxe! Mais pas d'électricité quand même (même si le fil passe juste au-dessus...)
Maison et son jardin de manioc ET clôture! Le luxe!
Mais pas d’électricité quand même (même si le fil passe juste au-dessus…)
Maison avec palissade pour délimiter la cours intérieure
Maison avec palissade pour délimiter la cours intérieure
Ici la réserver de maïs séché
Ici la réserver de maïs séché
Et là, le toit en courge! De quoi inspirer les aménageurs paysagistes
Et là, le toit en courge! De quoi inspirer les aménageurs paysagistes

 

Mais il y a aussi des côtés sympa.

J’ai rarement vu des routes aussi peu usitées. La LOZERE à côté, c’est l’usine ! Foule à pied, si peu motorisée. Comment font-ils pour s’approvisionner ? On croise quelques marchants à vélo : la voilà la solution.

Et les plages mozambicaines : sur tant de kilomètres de côte, en réalité, peu sont accessibles sans suivre les pistes. Mais on a déjà donné et restons sur le franc goudron. Dans cet « extrême nord mozambicain » comme il est parfois appelé, nous avons profité de la plage de MOCIMBOA DA PRIA, son marché au poisson et ses bons pains. Mais aussi de PEMBA, son anse calme d’un côté et l’océan de l’autre. Pour tous les goûts.

Et les pains de sucre, qui font échos à l’enchanteresse Rio. Ça sculpte bien le paysage, même au-dessus des hautes herbes.

Du monde à pied!
Du monde à pied!
Je me renseigne sur la conservation du maïs
Je me renseigne sur la conservation du maïs
Zara à domicile !
Zara à domicile !
Mocimboa da Pria, son port, son marché aux poissons à même le sable
Mocimboa da Pria, son port, son marché aux poissons à même le sable
Côté mer
Côté mer
Le (bon) pain de sucre!
Le (bon) pain de sucre!

 

 

Nous identifions aussi une filière française qui donne une deuxième vie aux t-shirts dédaignés chez les blancs. Les plus comiques et désuets à la fois, en pleine brousse :

  • « Val de Reuil, terre de champion »
  • « Endurance shop Quimper »
  • « Les mercredis du foot, par le conseil général du nord »
  • et, le meilleur pour les paysagistes, « ISS entreprise ».

Quelques rencontres nous font entrevoir cette Afrique que Lieve Joris a rencontrée (cf. bibliographie). Un somalien établi à Macomia, petite ville profitant de sa position sur un croisement d’une route et d’une piste. Il a ouvert un resto, simple, efficace. Une affaire qui roule. « Ils sont malins les Somaliens ! ».

Et puis, arriver du nord dans la province de CABO DELGADO, la plus au nord du MOZAMBIQUE déjà, ça pousse à la question :

  • « D’où venez-vous à vélo? »
  • « De Nairobi »
  • « Quoi ? À vélo ? »

Oui, on les a atteint ces 4 000 km. Après 3 mois d’effort. Même moches, mal lavés et avec des t-shirts qui se décomposent, les deux petits blancs se défendent finalement plutôt bien. Sûr, ils ont des rolls-royce en guise de vélo par rapport à ceux que l’on croise ici. Mais quand même.

Petit curieux (singe vervet)
Petit curieux (singe vervet)
Arrivée à Pemba. On nous annonce la lune!!
Arrivée à Pemba. On nous annonce la lune!!

 

On commence à sentir les odeurs des prémices de la clôture finale. Ilha do Mozambique pour objectif, encore quelques centaines de kilomètres. Mais avec notre réserve de crème solaire et d’anti-moustique, on se sent costauds ! Enfin, costauds mais petits dans ce MOZAMBIQUE immense.

 

PS : Bibliographie complétée de deux ouvrages et carte mise à jour.

Jean Written by:

Des plateaux de la rude steppe lozérienne aux douceurs lyonnaises, Des chaussures de course à l'amorti salvateur aux crampons agressifs du foot à 8, Jean sera responsable du parcours, du matériel, de son entretien et son bon fonctionnement.

8 Comments

  1. Anne
    26 April 2016

    j’aurais eu le temps de choisir une robe dans la montée, à la traine derrière le vélo-magasin…

  2. nivolies
    26 April 2016

    c’est plus des mollets que vous devez avoir, mais des battes de Baseball !!!
    bises
    Yves

  3. quiniouf
    27 April 2016

    B R A V Ô pour les 4000
    Et pour les photos
    Celle du pain de sucre est top,un peu irréel …

  4. mothais marcelle
    29 April 2016

    certes mais il y a le baroudeur qui mange son concombre géant pas mal!!!

  5. Claire et Seb.
    29 April 2016

    C’est top, vraiment bravo! Merci en plus d’avoir pensé à votre vieille cousine!!!;))) si loin mais si proche par la pensée! On vous embrasse bien fort

  6. 30 April 2016

    Tant qu’il y a des concombres, on est sauvé!!! Imaginez qu’il n’y ait que des oignons (ça m’était arrivé au Niger…)!

    J’espère que ça sent moins mauvais au fur et à mesure que vous progressez. On ne se rend pas bien compte où vous passez sur la carte car les villages cités n’y sont pas. Par contre c’est chouette d’avoir relié les points d’étape aux articles!

    Merci pour ces récits et si belles photos qui nous font bien entrer dans l’ambiance la route et les piétons et cyclistes qui portent tous quelque chose, le pain de sucre, la maison courge, le petit singe (trop mimi) et j’ai cru apercevoir une sorte de kayak à Mocimboa da Pria, côté mer?

    BRAVO pour les 4 000! Vous êtes impressionnants les 2 petits blancs! A vue de nez ça fait une moyenne de 40 par jour?

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