L’eau et sa gestion

Je ne peux éviter de faire au moins un petit article sur ce sujet, puisqu’il me tient à cœur et qu’il est dans la continuité de mon occupation professionnelle.

De la même manière que les autres sujets, nos jugements ne reposent pas sur des études poussées mais uniquement de notre observations de quelques semaines, de la lecture des journaux, des discussion avec les simples gens.

Ces précautions prises, il me semble que l’eau, au KENYA, est gérée par l’Etat. Pour ce faire, il a créé des « water district » qui correspondent à de grandes régions, plus vastes que les « counties », cet échelon administratif qui constitue la base du mouvement de décentralisation commencé il y a … 3 ans !

Pour la petite histoire, il existe 47 counties, que certains commencent déjà à vouloir regrouper afin de faire des économies et en améliorer l’efficience… Débat qui en rappelle d’autres ! A l’appui, ces études qui montrent la hausse des charges de personnel (57% de leur budget) au dépend des projets devant être portés par ces autorités publiques locales (construction d’écoles, de dispensaires, de marchés).

Revenons à l’eau. La situation au KENYA est que 54% de l’habitat urbain n’a pas accès à l’eau courante. Cette proportion atteint 84% dans les zones rurales.

En moyenne, 60% des foyers consacrent plus de 30 minutes par jour pour disposer de l’eau nécessaire au besoin quotidien.

Autre fait notable, le taux moyen mondial constaté de 70% de l’eau douce utilisée pour les besoins de l’agriculture est de 90% au KENYA. Cela laisse peu pour l’industrie et la consommation domestique. Sans parler des fameux « débits réservés », ceux qui doivent être laissés dans les cours d’eau afin d’assurer un fonctionnement des écosystèmes jugé acceptable.

De notre observation, nous constatons que les Kenyans disposant de l’eau courante n’y font pas confiance. Elle sert à laver les légumes avant de les cuire, au ménage, à la toilette.

Mais pour boire, c’est soit de l’eau minérale en bouteille, soit des bidons de « clean water » (eau propre) dont le transport/l’échange/l’achat est omniprésent à travers le pays. Nous les voyons partout ces bidons jaunes !

D’ailleurs, nous leur faisons peur en prenant l’eau du robinet dans nos gourdes filtrantes ! Mais l’efficacité de ces filtres est pour le moment garantie. Nous les recommandons (plus la marque Water-to-go d’ailleurs que la marque Katadin, pour l’aisance de succion et le moindre effort qu’elle demande pour boire).

En TANZANIE, la situation semble plus critique, notamment au nord ouest (bords du lac Victoria). Nous voyons quantité de personnes transporter des bidons d’eau : à motos, à vélos, à pied. Que d’efforts dépensés pour ce besoin quotidien, auquel nous ne pensons même plus tellement un robinet à ouvrir est un geste « admis » pour nous.

Et l’eau minérale, quel business ! Cela attire de gros investisseurs, Coca Cola en tête avec ses marques Dasani et Kilimandjaro qui inonde les marchés kényan et tanzanien au moins. Seule marque d’ailleurs à se démarquer sur le prix : ses bouteilles sont plus chères de 50% ! Mais avec la force de son réseau de distributeurs, il s’agit souvent des seules marques disponibles. Le consommateur paie la note.

D’ailleurs, avis passé à qui connaîtrait une étude qui indique le coût pour la société dans sa globalité de recourir à de l’eau minérale en bouteille plutôt que de l’eau potable au robinet  ? Je parle du coût économique mais également environnemental avec transport et bouteille plastique associés. Merci par avance pour toute suggestion !

 

PS : merci à tous pour vos commentaires, qui nous font toujours aussi chaud au coeur. Votre enthousiasme nous aide dans les moments où on relâche un peu la pression sur les pédales et que les kilomètres s’allongent…

 

PS 2 : Bibliographie augmentée de deux références juste achevées.

Jean Written by:

Des plateaux de la rude steppe lozérienne aux douceurs lyonnaises, Des chaussures de course à l'amorti salvateur aux crampons agressifs du foot à 8, Jean sera responsable du parcours, du matériel, de son entretien et son bon fonctionnement.

8 Comments

  1. QUINIOU
    6 March 2016

    j avais entendu un commentaire sur une usine coca en inde :il fallait 3 litre d eau pour fabriquer 1 l de coca !resultat contre qq emploies les paysans manquaient d eau…….

  2. Claire et Seb.
    8 March 2016

    De quoi susciter des vocations?…

  3. 8 March 2016

    Si j’ai bien compris l’article précédent, vous avez perdu une gourde filtrante?

    En avez vous une autre?

    Ou allez vous en trouver dans une future grande ville que vous traverserez???

    Ou peut on faire quelque chose pour vous?

  4. Gilles
    9 March 2016

    On aime vos velos, on aime vos voyage, on aime vous lire, on vous aime pour votre courage, votre soif de decouverte votre volonté de voyager different avec toujours cet oeil agueri ce sens de l observation du détail relaté en toute simplicité avec beaucoup d humilité de respect et d emotion. D ici ca à l air si facile et pourtant ….. notre societe nous porte, nous formate, nous guide…nous ne devons absolument pas nous égarer, surtout pas sortir de la trace. Vous vous prenez, le temps d un périple, les chemins de traverse et c est comme ça qù on vous aime . Bravo Gilles Christine et toute notre tribue

  5. Claire et Seb.
    10 March 2016

    Si je ne dois retenir qu’un message pour vous: c’est celui de Gilles!…..
    Tout est dit, (et je n’aurais pas eu le talent d’en dire autant.!…) et j’y souscrit pleinement.
    Vous pouvez être fiers de vous. Continuez bien.
    Des bises d’encouragement!
    Seb and co.

  6. Cycloreveurs
    12 March 2016

    La gestion de l’eau : un beau sujet ! Dans l’étude comparative entre l’eau du robinet et l’eau en bouteille, il faudrait pouvoir quantifier l’impact que cette différence a sur les comportements. Est-il possible de se comporter aussi précautionneusement avec l’eau du robinet qu’avec l’eau en bouteille ?
    Au Japon, il y a un autre sujet semble-t-il : la population diminue, mais les réseaux d’eau ont été dimensionnés pour une population qui augmente. Aujourd’hui, la consommation globale d’eau diminue avec la population, ce qui implique un débit inférieur et ça pose des problèmes de réseau… Le monde à l’envers !
    Ce sujet est trop vaste !

  7. Michel
    13 March 2016

    Qualité des articles des contrées traversées au rythme de la pédale, qualité et diversité des messages. De bons moments savoureux à la lecture.
    Je mets de coté quelques articles sur cette comparaison eau du robinet – eau minérale . La comparaison chez nous du coût du litre entre ces 2 eaux parle d’elle même.

  8. anne
    16 March 2016

    Dites donc , qu’est-ce que ça cogite tout en pédalant… !!! je vous ai loupés pendant trop de jours… la tête dans le “guidon” du boulot, ma bouteille d’eau minérale sur le bureau pendant les journées d’animation … Honte à moi!
    … et respect à vous deux pour votre énergie et votre sens si juste de l’observation !

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