Coucou à tous! ça faisait longtemps qu’on avait pas donné de nouvelles… Voici en partie pourquoi!
Au Mozambique, le bonjour se dit « bom dia ». Pour nous, ce fût « boue-dia ». Retour sur les 2 jours qui nous ont été nécessaires pour quitter la TANZANIE pour mettre le pied en MOZAMBIQUE, les 15 et 16 avril.
Avril, c’est la saison des pluies. Enfin, l’une des deux saisons des pluies Même s’il ne pleut pas tous les jours, ni toute la journée, l’atmosphère est pour le moins humide. Nous savons qu’environ 30 km de piste nous attendent d’ici la frontière et 40 autres km après la frontière. Soit 70 km entre MTWARA (que nous quittons le 15 avril) et PALMA, au MOZAMBIQUE. Entre les deux, la frontière naturelle consiste en un large fleuve, le RUVUMA, qui ne se traverse en bac qu’à marrée haute. Les bancs de sables, nombreux et pouvant évoluer au fil des jours, empêchent le passage du ferry à marée basse. Nous nous renseignons plusieurs fois : deux horaires nous sont possibles au choix : 8h le matin et 16h l’après midi. Grand luxe !
Chargés de victuailles car ne sachant pas trop que trouver sur le parcours, nous partons ce matin après avoir pris le temps de contempler les peintures de Polycarp Uehlein, prêtre bénédictin allemand qui les exécuta dans les années 1970 sur les murs de l’église Saint-Paul de MTWARA. Ces peintures figuratives et « naïves » avaient pour objectif d’illustrer des passages de l’ancien et nouveau testaments en évoquant des scènes de vie quotidienne. Il fallait bien les éduquer ces indigènes !
Nous commençons par une piste bien large, avec pas mal de circulation. La pluie de cette nuit permet de fixer la terre au sol : pas de poussière et c’est très bien comme ça ! Amandine impressionne par sa maîtrise technique des descentes et son coup de pédale dans les montées !
Nous avons quand même droit à un passage avec pied nus impératifs sous peine de tremper les chaussures. Amandine passa devant: grand sourire pour cette première…
Forcément, la piste nous ralentit. J’estime que cela abat notre vitesse moyenne de 50% au moins, puisque nous arrivons vers 14 heures au village du poste frontière tanzanien, le fameux village de KILAMBO. Curieux que ces endroits, impression du bouts du monde déshérités et en même temps, porte ouverte (enfin pour certains) sur l’ailleurs, le nouveau. Nous nous renseignons : pas de visas nécessaires pour les ressortissants de tanzanie et du mozambique. Néanmoins, la frontière est plus contrôlée qu’entre le KENYA et la TANZANIE, qui faisait figure de porte ouverte.
Bien que modeste, le village s’affaire sur la place de ce poste frontière : les motos tournent, quelques mini-bus arrivent chargés de personnes avec des sacs parfois volumineux. Des bureaux de changes ambulants abordent les arrivants avec de grosses liasses.
Dans ces endroits, il y a toujours des gens qui vous disent quoi faire. Confiant dans l’expérience et l’autorité que leur prodigue leur présence de longue date ici, tels des rondelles pris entre la vis du poste frontière et le boulon de l’activité économique à laquelle ils se livrent, qui ne peut exister qu’au plus proche de cette frontière. « Vous devez y aller maintenant, pour prendre le bateau de 16 heures ». Que nenni, on sent bien l’arnaque et prétextons que nous sommes très fatigués pour justifier notre souhait de ne passer que le lendemain, 8 heures.
C’est aussi que le visa mozambicain ne dure qu’un mois. Du 16 avril au 15 mai, date de fin de ce voyage et de notre avion à MAPUTO (capitale du pays), nous sommes déjà au maximum possible.
Nous demandons où dormir et sommes conduits de l’autre côté de la place, directement dans une guest-house, la seule du village de KILAMBO (on est bien heureux qu’elle existe, elle!). Tout se déroule dans un espace de 100 m2.
Après une douche dans des conditions hygiéniques limites, nous fêtons notre dernière bière tanzanienne (tiède) avec la petite fille du tenancier de la guest-house qui lui rend service en tenant le bar. Elle vend alcool et cigarettes et gère la caisse. Elle nous dit aussi qu’elle va à l’école.
Je parviens même à les enregistrer chanter… Nous tentons d’absorber tous ces derniers instants d’un pays qui nous avons traversé pendant 2 mois. On se sent presque de la famille maintenant…
Je profite de l’après-midi pour prospecter également pour changer nos derniers shilling tanzaniens. Échaudé par l’expérience kenyane, je fais donc ça en plein air, sur la terrasse du bar, auprès de notre premier contact ici : Saïd. Il appelle son ami, Saïd également, pour se décider si mon offre est acceptable ou pas. Je propose de rogner sur la marge qu’ils me proposent initialement : je conserve 2/3 et leur laisse 1/3. A mon grand étonnement, ils acceptent. Leurs yeux vitreux d’alcooliques (qui semblent une vraie plaie ici) trahissent leur honnêteté. Je compte bien l’argent avant de le mettre directement dans mon porte monnaie. Ouf, mieux négocié qu’au KENYA ! C’est qu’on apprend pendant ce voyage !
Le lendemain, on se présente à 7h devant le poste frontière. Une formalité, nous quittons la TANZANIE quelques minutes plus tard. Il nous reste 4 km à faire jusque fleuve RUVUMA et le ferry de 8h.
La piste commence bien, le premier kilomètre. Ensuite, la piste est réduite en un vaste champs de boue : des camions gisent bloqués, les roues prises dans ce piège collant. Nous continuons pied-nus, à pousser tant bien que mal les vélos. Près de 45 minutes pour faire ces 4 km, voilà l’effort à fournir.
Le ferry nous attend. Un bateau pirate tente de récupérer des passagers pour l’autre côté : il y arrive très bien puisqu’au même prix, il part à l’heure du ferry. Ce dernier larguera les amarres une heure plus tard. Un problème de raccord de batterie semble en avoir été la cause !
Nous traversons le RUVUMA en 30 grosses minutes, après quelques lacets entre les bancs de sable. Nous voici au MOZAMBIQUE, pied-nus à nouveau car ici aussi, la saison des pluies ne permet plus aux camions de passer !
Les premiers kilomètres derrières nous, nous entrons dans le bâtiment de l’ « immigraçao ». Prise de température (sans contact), consultation du certificat de la fièvre jaune, tampon sur le passeport. Tout va très bien jusqu’à l’inspection des bagages. Là, les deux compères en uniforme nous retiennent deux sacoches et nos passeports. « On veut 500 meticais (soit 10 €) ». Amandine fait jouer son portugais, qu’elle parle comme si elle l’avait pratiqué tous les jours depuis le début du voyage. « Non. On ne donnera pas. Au Kenya, on ne nous a rien demandé. En Tanzanie, on ne nous a rien demandé ». L’uniforme répond : « Ici, tu es au Mozambique ». Bonjour l’ambiance !
Finalement, on passe de 500 meticais à deux sodas en quelques minutes. Nous restons sur notre position et leur offrant toutefois notre bouteille d’eau de réserve. Ils refusent, visiblement déçus. Nous, ça nous renforce sur notre position de ne plus rien lâcher. On attend… puisque notre avantage, du haut de nos vélos, c’est le temps. Maîtres de notre calendrier, personne ne s’impatiente dehors que nous prenions autant de temps à l’intérieur. Les taxis-motos filent vers QUIONGA et PALMA. Nous restons à regarder les deux bougres de la police des frontières, s’affairer avec d’autres en transit, dont certains accèdent à leur demande de dessous de table. Les billets passent d’une main à l’autre. Nous restons impassibles. Enfin, ils commencent à céder : le charme d’Amandine (toujours en portugais) doit bien fonctionner. Ils rendent un passeport, puis l’autre. Finalement, ils nous disent de reprendre les sacoches. On file droit jusqu’à ne plus voir le poste frontière, juste le temps de prendre une petite photo.
La piste reprend jusqu’à QUIONGA. Nous arrivons à un passage où la route est retapée par 3 villageois qui demandent encore de l’argent. Nous n’en donnerons toujours pas : il faut dire que ce sont eux qui placent volontairement un arbre en travers de la route pour forcer l’arrêt. Non mais quand même !!
Quelques flaques sont là pour nous maintenir en forme et vérifier la flottabilité de nos sacoches. Magique ces sacoches : il est indiqué que seule la submersion ne garantit pas leur imperméabilité, mais en réalité, elles flottent !
On consomme beaucoup d’énergie à rejoindre QUIONGA, 20km après le fleuve RUVUMA. Une fois arrivés, sur le coup des 15 heures, le conseil des sages (un policier en civil, un notable et un autre curieux) devisent sur le mieux à faire Sans équivoque, il nous faut rejoindre PALMA ce soir. Ici, à QUIONGA, personne ne peut nous loger, il n’y a rien à manger… Hum, merci l’accueil bis ! Ça motive pour filer. Ils nous informent quand même que des personnes nous arrêterons encore pour demander de l’argent.
Effectivement, sur deux tronçons, la piste a été littéralement emportée. Là, ce sont à chaque fois plus de 30 personnes qui, toutes en même temps, nous harcèlent pour de l’argent afin de rémunérer le travail fourni à mettre sur pied des ponts de fortune construits à quelques mètres de la route emportée.
Le premier, je fais la sourde oreille et traverse la rivière en portant mon vélo. J’ai de l’eau jusqu’au milieu du ventre, les 4 sacoches flottent en position horizontale autour du vélo. Quelques enfants s’amusent à me voir et veulent m’aider. De l’autre coté de la rive, on les engueulent pour ne pas ne donner un coup de main sous prétexte que je passe à côté pour ne pas payer. Vu le niveau de l’eau, Amandine préfère confier son vélo à l’un des gars (qui traversera la rivière plus en aval de moi, là où il y a moins d’eau, le malin) et emprunte le pont. S’en suit une interminable discussion de négociation du prix du service rendu. « 50 pour le transit du vélo, 20 pour être passé sur le pont ». On aboutira à 20 + 20, avec une belle montée de ton entre les protagonistes.
On pensait avoir passé le plus critique, mais quelques kilomètres plus loin, rebelote en pire. La rivière est plus forte, la traversée dans l’eau semble bien plus difficile. Quelques autres voyageurs empruntent le pont. Quand nous nous présentons avec nos deux vélos, le niveau sonore atteint un palier plus qu’élevé : des noirs passent pour quelques pièces, on nous demande 500 méticais! Je m’insurge et leur fait remarquer. Je parle des brides de kiswhahili, Amandine en portugais, on nous répond en anglais… bref, le ton chauffe à nouveau. Mais notre message passe : ce sera 20 chacun pour le passage, et s’ils ne sont pas content, on campe à 15 mètres de là jusqu’à demain. Là aussi, notre patience est notre meilleure arme. Va pour 40.
Une fois de l’autre côté, un mec m’accoste en anglais : « Ici, tout problème doit être conclu par un deal. Je suis Tanzanien et je m’excuse vraiment pour eux ». Nous échangeons de grands sourires et il nous encourage pour les kilomètres restants.
L’arrivée en fin d’après midi à PALMA est plus qu’attendue par Amandine. Elle jette ses dernières forces dans la montée et jubile à l’atteinte d’un bon goudron tout neuf. Bonne nouvelle, la route entre PALMA et MOCIMBOA DA PRIA est maintenant terminée, nous pourrons rouler confortablement demain !!
oui, finalement, dans certains cas, vive le goudron!!!
quelle étape, vingt dieux, vous vous en rappellerez je pense!!
bien négociée dans tous les sens du terme!!!
et ça vaut combien un méticai? un méticai 2 méticais?
50 méticais (le pluriel de métical) = 1 euro environ.
ouh la galère mais avec le sourire bravo!!!!
On commençait à s’inquiéter!
Pendant que vous preniez qq bains de boue!
et le vélo qui se transforme en Pédalo ? Ça pourrait éviter les péages !
Géant l’étape!
Je kiff à donc !
à donf
Bravo pour ce passage . On dirait un vrai roman mais quel courage . La nuit à dut être bienvenue .
Je ne peux vraiment pas résister. Pour une fois je vous envie, ça c’est de l’aventure !!!
Prenez des notes,car cela mérite d’écrire un roman,d’aventures bien sur !!
Bravo! quel courage dans l’adversité !!
Il nous tarde de vous embrasser.
Impressionnant cette bouitude ! vous avez du être contents de retrouver le goudron …
a noter les deux touches de douce beauté: les deux tenanciéres du bar ;les deux oiseaux!!!
Mazette ! Digne des explorations de Stanley ! incroyable d’avoir pu garder vos sacoches intactes dans cette glaise..
De quoi méditer quand il nous arrive de pester dans les bouchons sur macadam…
Reprenez de la vitesse sur support “dur” !
“mais qu’allaient t ils faire dans cette galère ! ”
On peut dire qu’on aura tout vu avec vous !