Nous arrivons donc à IRINGA, ville de montagne dont l’ambiance nous plait assez : paysages escarpés, températures fraîches, etc… Nous remarquons assez vite à notre arrivée la présence importante de muzungus (=blancs européens) et de gros 4X4. En général, c’est soit dû au tourisme, soit à la présence d’ONG. A Iringa, ce sont les ONG qui gagnent.
Aidés par notre guide fétiche, le Lonely Planet, nous nous dirigeons vers Le Neema Craft Center : un centre de réinsertion de personnes handicapées par le travail, qui propose à l’étage de ses ateliers, un « café prisé » et une « guest house confortable, avec wifi gratuit ». Effectivement, le café est très mignon, avec ses brownies et ses cakes au citron, on se croirait dans un quartier branché de Paris ou de Londres. La guest house est assez luxueuse, un peu chère, mais il paraît que les bénéfices servent à faire fonctionner le centre, donc on se dit que c’est pour la bonne cause, et on décide de rester 2 nuits ici.
Le lendemain nous entreprenons une visite des ateliers, guidés par un fidèle collaborateur: Titus
Le Neema Craft center a été créé en 2003 par une anglaise installée en Tanzanie, Susie Hart, Celle ci avait remarqué que le handicap était, encore plus ici que dans nos contrées européennes, un motif d’exclusion et de pauvreté. Avec 450£ en poche, elle décide donc de fonder un atelier de fabrication de papier avec 3 tanzaniens malentendants. La matière première ? De la bouse d’éléphant ! Et c’est toujours de cette manière qu’est fabriqué le papier du Neema Craft Center.
Depuis, le petit atelier a bien grandi. Plus de 100 personnes handicapées sont désormais employées, 60% d’entre elles sont malentendantes, les autres ont des handicaps physique (amputations ou autre).
Le centre regroupe :
- un centre de formation à la couture
- un centre de formation au management (construction d’un business plan notamment) et une activité de microcrédit pour que les étudiants puissent lancer leur business une fois le cours validé
- un atelier de tissage & couture pour la fabrication de linge de maison, déco, vêtements, maroquinerie…
- un atelier d’impression de tissus, le centre créée ainsi ses propres imprimés
- un atelier d’ébéniste et de travail du bois
- un four à céramique
- un atelier de confection de bijoux, avec la fabrication de perles en papier ! Très malin
- Toujours bien sûr, l’atelier de fabrication de papier.
- et une boutique pour vendre tout ça !
La centaine de salariés travaille 5 jours sur 7 au centre et leur travail est complété par l’activité d’ “indépendants” qui travaillent de chez eux et sont payés à la pièce fournie.
Aujourd’hui Susie est partie mais elle a « légué » son bébé à un couple d’anglais qui encadre l’activité du centre pour 3 ans. 3 autres bénévoles européens les assistent dont notamment une styliste, Maria, que nous rencontrons. Elle créée les nouvelles collections, les imprimés, les petits animaux que l’on retrouvera sur les coussins… elle a vraiment su répondre aux goûts européens tout en se servant du style tanzanien. On a envie de tout acheter !
Titus nous explique qu’il leur est possible d’exporter des produits en Europe.
Le café et la guest house (dont la majorité du personnel est malentendante) constituent également une source de revenu qui permet de faire fonctionner le centre de façon autonome et d’apporter encore plus d’aide aux personnes handicapées qui y travaillent.
Notre guide par exemple a du être amputé d’une jambe quand il était plus jeune. Quand il a commencé à travailler dans le centre, il ne se déplaçait qu’en béquille, ce qui le limitait beaucoup. Il nous explique que le centre a pu financer la pose d’une prothèse (à Dar es Salam) et que c’est grâce à ça qu’il peut marcher « normalement » aujourd’hui. Aujourd’hui, il est responsable des achats et des stocks à l’atelier.
Il nous précise également que le centre a commencé à financer la construction de petites maisons pour ses employés. La location de logement est apparemment assez chère à Iringa. Le centre propose donc à ses employés d’acheter eux-même un terrain, et le NEEMA craft center financera la construction d’une petite maison 2 pièces sur ce terrain. Premiers arrivés au centre en tant que salariés, premiers servis… Titus attend son tour !
A noter également, la présence d’un centre de rééducation pour les enfants handicapés, accolé aux ateliers, avec une bénévole kiné (ça peut donner des idées…) !
Aujourd’hui le Neema Craft center est donc une grosse machine, bien rodée, et qui doit constituer un bel exemple pour de nombreuses ONG (on a même vu que le président G. Bush les avait honoré d’une visite !). On peut espérer qu’en plus d’aider ces personnes à se réinsérer, cela pourra avoir un impact positif sur le regard que porte la société tanzanienne sur elles… malheureusement, l’endroit n’est pour l’instant fréquenté que par une majorité d’européens.
Si le travail de Neema Craft vous plait autant qu’à nous, n’hésitez pas à visiter leur site : www.neemacrafts.com
Merci pour cet article, Ça fait vraiment plaisir de voir une telle réussite., et avec ces photos superbes.
Mais le Centre vend il ses produits plutôt dans le pays ou à l’exportation? Y a -t- il une classe moyenne, voire aisée qui peut acheter sur place?
Y a -t- il des aides publiques ou seulement des ONG?
Les réponses arrivent un peu tard, désolée 🙂
Le centre vend surtout sur place (dans sa boutique et dans d’autres points de ventes “branchés” de Dar es salam par exemple), et aussi en Angleterre, d’où est originaire la fondatrice. Notre guide nous a dit qu’ils pouvaient envoyer à l’étranger sur demande. De notre côté, malheureusement, nous n’avons pas vu beaucoup de Tanzaniens acheter, ce sont surtout les touristes qui sont ciblés.
De ce que nous avons compris, le centre se finance complètement lui même. Pas d’aide publique.
J AI ESSAYE LE PAPIER AVEC CROTTE DE CHIEN: résultat nul !!
super l article et neema,dommage que vous ne puissiez vous charger: les tissus sont super beau
on attend le prochain article avec impatience on ne s en lasse pas
C’est passionnant … ! que d’idées et que c’est beau. Un message à faire passer à nos sociétés nombrilistes.. Merci pour ce reportage !. Il n’ y avait pas des cartes postales ? 😉 Bises à vous les globcycleurs
beau reportage
j’ai aimé la femme avec la machine a coudre SINGER ma grand mere avait la meme
c’était un vrai petit meubla actinnée au pied mais celle ci doit etre électrique? Je restais des heures avoir confectionner les robes de tissu paysan certes moins colorés que ceux de la bas ces couleurs superbe!!!
dommage que les indigènes semblent peu interessés!!!
Les SINGER étaient bien manuelles! à l’ancienne 🙂
Belle entreprise artisanale de cœur et de création.
Ne pourrait on pas brancher Olga pour la commercialisation en France de toutes ces beautés ?
Dommage que vos sacoches soient pleines….
Nanou, est ce que tu t’es essayé au coup de pédale de la machine à coudre ?
Pour l’instant, je reste concentrée sur mes cales pied …. Bisous!!
c’est une super réussite ce projet Neema! ca fait plaisir a lire