Out of the radar – Du 24 février au 03 mars

Voici l’expression de notre guide, le Lonely Planet, pour suggérer les lieux à visiter « hors des sentiers battus ». Les auteurs en sont friands et semblent toujours dévoiler un grand secret quand nous abordons ces passages. L’auteur prend alors sa petite voix et son sourire entendu que le lecteur averti connaît bien. Cette destination conviendra à ceux qui aiment être « out of the radar ».

Ces 9 derniers jours, nous avons donc été « out of the radar » puisque même le Lonely Planet ne daignait mentionner les différents villages, villes et régions que nous avons traversés. La diagonale du vide tanzanienne, sur une axe Nord-Ouest / Sud-Est.

MADWOUI, TINDE, SHELUI, …, autant de villages où nous avons reluqué les différentes auberges. Des bâtisses de plein pied le plus souvent avec entre 5 à 10 chambres. Des fois l’eau courante, plus couramment la douche au sceau. C’est la surprise chaque jour.

Nous demandons souvent s’il le village visé en fin de journée dispose d’une de ces précieuses auberges. Un beau tanzanien dans sa chemise bleue va même jusqu’à recharger son crédit de téléphone portable pour s’assurer auprès d’un ami que SHELUI dispose bien d’un hébergement. Il tenait à être sûr de lui.

Il faut dire que mon théorème irréfuté jusqu’alors est, sur ce tronçon, inopérant : 3 antennes relais sur le village = au moins une auberge. Nous passons des triplettes d’antennes relais sans village !

Nous avons quelques difficultés d’anticipation de la taille des villages que nous allons rencontrer sur la route. Ma carte (collection « Wordl Mapping Project ») est décevante: mauvais positionnement (chemin de fer, emplacement de certain village), mauvais noms, omissions. Elle reste pertinente sur une échelle de la vingtaine de kilomètres. Suivant le moment de la journée, cela peut représenter pour nous plus d’une heure d’effort…

Nous traversons la Tanzanie. C’est un immense plateau granitique, qu’un géant aurait méthodiquement balayé pour regrouper les bloc de granit en petit tas, tels des monticules de poussière.

Encore des skopjes!
Encore des skopjes!
Tanzanie ... ou Bretagne ?
Tanzanie … ou Bretagne ?

L’avantage du granit est de conserver l’eau en surface. Nous profitons des nombreuses mares dont certaines sont d’un bleu vif. Tout le monde en profite : les hommes pour l’eau de consommation et la lessive, les bêtes pour s’abreuver.

Tout village a son point d'eau à proximité
Tout village a son point d’eau à proximité
Troupeau venant s'abreuver
Troupeau venant s’abreuver

Nous nous croyons seuls (blancs) au monde… mais il nous arrive d’en apercevoir à travers les vitres teintés de quelques gros 4×4 nous croisant à ville allure, sur des routes toujours aussi droites et un soleil toujours aussi rayonnant. A notre grande surprise, nous en voyons également un s’échapper d’une voiture dangereusement surchargée (au moins 10 personnes dans un équivalent de Toyota Rav 4). Il est à peine 8 heures et nous prenons notre petit-déjeuner de l’autre côté de la route. Nous sommes à MADWOUI, bourg d’à peine plus de 200 personnes.

L’un des tanzanien lui montre fièrement qu’il y a d’autres blancs, là-bas. Un signe de la main car nous sommes bien élevés, avant d’échanger quelques mots.. Un américain, qui vit tout près d’ici depuis 3 ans (lui aussi!!) à s’investir à travers des ONG dans des projets d’irrigation et d’agriculture. Nous nous félicitons mutuellement. L’Afrique, ça rapproche !

Quelques pluies de fin de journée viennent rafraîchir l’ambiance. Nous luttons également contre un violent orage de grêle… jusqu’au moment où le vent est trop fort pour ne pas perdre équilibre du vélo. Panique, nous nous réfugions sauve-qui-peut derrière un abris, à quelques kilomètres de SHELUI. Nous en perdons une gourde filtrante. Mauvaise nouvelle. Ça nous forcera à entamer le stock de micro-pur que nous avions emporté.

De fiers baobabs apparaissent. Nous en faisons notre lieu préféré de pause déjeuner.

Amandine fait sa sieste...
Amandine fait sa sieste…
Encore un beau site!
Encore un beau site!
Souvent nous avons des invités!
Souvent nous avons des invités!
Là-aussi!
Là-aussi!
Et nous voyons aussi beaucoup de culture de tournesol.
Et nous voyons aussi beaucoup de culture de tournesol.

 

Nous échangeons avec un professeur d’anglais (ouf, nous sommes bien tombés) et de kiswhahili. Innocenty nous confirme que le Président tanzanien Magufuli a bien rendu l’école gratuite jusqu’au bac, ce qui n’était pas le cas jusqu’en 2015. C’est un progrès.

Mais pour lui, le prof, son salaire ne suffit pas à le faire vivre. Il s’est donc lancé dans le commerce de sodas en parallèle. Vendeur de sodas…. l’idée n’est pas nouvelle mais cela l’aide à arrondir ses fins de mois. Le lendemain, il nous laisse un mot écrit de sa main qu’il nous donne avec son rire si communicatif. Il y parle de manière touchante de l’effort continu à fournir pour accomplir de grande chose. Il fait référence à notre voyage à vélo et à son sentiment religieux pour les faire se rejoindre. Nous lui souhaitons le meilleur.

Quelques kilomètres avant DODOMA, c’est Mama Irene qui nous invite chez elle. Avec nos gros pneux, ou sabots, nous avons choisi comme aire de pic-nic son jardin (hum). Elle nous offre le thé – cuit sur du charbon – et du pain de mie dans son salon. Elle attend un deuxième enfant. Sa fille est à l’école, son mari travaille dans le commerce de bestiaux (il vend 5 à 6 vaches par jour, dit-elle fièrement). La maison sera finie quand ils auront reconstitué de l’épargne, aujourd’hui toute mangée pour les 4 murs et le toit.

Mama Irene, son chat (qui s'appelle chat) et Amandine, dans le salon
Mama Irene, son chat (qui s’appelle chat) et Amandine, dans le salon
Portraits
Portraits
Devant la maison, brute
Devant la maison, brute

 

Nous avons acheté une méthode de kiswahili pour tenter de mieux communiquer avec ceux qui ne parlent par anglais. Je me fais quelques notes sur ma sacoche de guidon pour réviser en pédalant. Amandine n’en a pas besoin, étant naturellement plus douée. Après les formules de salutations, les nombres et la prononciation. Nous avançons pas à pas.

Par contre en vélo, ce sont des pas de géant ! Nous enchaînons les performances kilométriques sur ces routes rectilignes et assez plates dans l’ensemble. Même notre première crevaison (une double en réalité, la première devant être plus ancienne mais la tige métallique restée dans le pneu en assurer hermétisme). Plus de 700 km en 9 jours dont 1 de repos. Ça cogne !!

Fin de réparation
Fin de réparation

 

Notre jour de repos, nous l’avons passé à SINGIDA. C’est là que nos itinéraires se croisent avec la marche des Poussin (Africa Trek, cf. bibliographie). Charmante ville avec son lac comme lieu de baignade et de promenade le dimanche après-midi. Un petit musée également, que nous mettons plus de temps à trouver dans la ville (il ne doit pas intéresser grand monde) qu’à visiter. Notre pièce exposée préférée est le xylophone, un indispensable dans la séduction des femmes !

 

Le fameux xylophone
Le fameux xylophone
Qui est en réalité de taille modeste
Qui est en réalité de taille modeste
Jupe traditionnelle en cuir de chèvre
Jupe traditionnelle en cuir de chèvre
Après-midi au lac de Sinriga
Après-midi au lac de Singida
Autre vue
Autre vue

 

Enfin, nous ne nous lassons pas du ciel tanzanien. Quand la terre s’étire, le ciel lui répond du tac au tac. Et c’est superbe, le matin, le soir et à toute heure de la journée (et de la nuit).

Sur la route
Sur la route
Coucher de soleil
Coucher de soleil
Orage de grêle en vue!
Orage de grêle en vue!

 

Et une dernière photo pour Matias, qui nous a fait bien rire avec son commentaire. Il y a aussi des pigeons (enfin des tourterelles) en Tanzanie!

Le pigeon après la pluie
Le pigeon après la pluie
Jean Written by:

Des plateaux de la rude steppe lozérienne aux douceurs lyonnaises, Des chaussures de course à l'amorti salvateur aux crampons agressifs du foot à 8, Jean sera responsable du parcours, du matériel, de son entretien et son bon fonctionnement.

7 Comments

  1. Pierre De Greef
    4 March 2016

    Salut les amis,

    J’ai découvert votre blog il y a quelques jours et je voudrais vous dire bravo pour vos commentaires de voyages ! Je suis un journaliste de la RTBF (Belgique) à la retraite et j’ai fait les mêmes choses que vous depuis quarante ans mais pas à vélo ! Nous vivons entre Belgique et Manosque en Provence Je vous écris aussi parce que désormais, (après 60 ans) avec ma bretonne Roselyne (nous nous sommes connus au Sahara en…1973 !) nous avons acheté des vélos électriques il y a deux ans et cela nous remet en selle de façon extraordinaire (plus de limite de distance liés à l’âge,) mais effort d’utiliser “l’électrique” au minimum. Je sais que les encouragements sont utiles dans ce genre de voyage. Donc , accrochez-vous, ce sont toujours les meilleurs souvenirs qui restent après. ! A une prochaine, Pierre. PS En Tanzanie, j’ai interviewé en son temps …Julius Nyerere qui était un homme assez remarquable lorsqu’il créa les villages Ujama qui étaient l’objet de mon reportage pour la télévision belge à l’époque (çà vous donne une idée de mon âge ??) A+ Cordialement; SI vs répondez , utilisez mon mail ci-dessous .Merci.

  2. Moumine
    5 March 2016

    Toujours aussi beau, toujours aussi passionnant !
    Tant de belles rencontres …
    C’est avec impatience qu’on attend chaque jour la suite de votre merveilleux récit ..
    Bisousssssss

  3. QUINIOU
    6 March 2016

    trop beau
    comme je vous envi(e)( en vie) bref l ortographe……………
    trop beau (bis)
    trop grand
    trop fort
    bizoux
    le chat s appelle le chat et amandine amandine
    ah ah

  4. 8 March 2016

    La douche au sceau, au saut ou au sot? ah oui, au seau!!!
    bon il est tard je vais me coucher…

    Merci M Pierre DE GREFF pour la référence à Julius NYERERE, une de mes références quand j’étais jeune et qu”on y croyait…!!!

    Bravo pour vos articles, photos et autres amusements, Le match de foot est tout simplement hilarant! Et encore, on a connu pire à KARABANE où les jeunes de l’île jouaient sans ballon…

  5. Jean
    9 March 2016

    Oui, il est sûrement temps. De GREFF, DE GREEF ou GRIEF?

  6. Matias
    4 June 2016

    Je suis vos traces… avec 3 mois de retard. Merci pour le clin d’œil ! Bon courage pour le retour aux affaires courantes !

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