Lundi 1er Février
La journée du 1er février devrait normalement nous conduire au lac Bogoria, parc naturel qui a semble-t-il perdu de sa superbe depuis des inondations en 2014. Néanmoins, une route sympathique longe les 26 km de ce lac sur ma carte. Je nous imagine déjà profiter d’une balade matinale, sous l’ombre de grands arbres, prendre un petit bain avant de poursuivre à vélo sur une piste bien plate.
Une inconnue : l’état de la route entre Mogotio et le lac. Nous quittons à cet endroit la route principale. Qu’allons nous trouver ?
Bref, c’est dans cet état d’esprit que nous quittons Nakuru à 8h05 après notre petit déjeuner typique kenyan : thé et mandazi (beignet peu sucré). La première partie goudronnée est avalée rapidement. Sur un profil un peu descendant, Amandine ne décroche pas de ma roue. Comme nous avons quitté l’axe Nairobi / Kampala (Ouganda) pour prendre plein nord, nous avons le plaisir de ne subir qu’une poignée de camions. Seules quelques matatus sont de sorties pour nous klaxonner de leur dépassement.
Après ces coups de pédales biens appuyées, nous arrivons au croisement. Là, une piste de terre défoncée nous attends. C’est parti pour 22 km… croyons nous. En réalité, ce sera quasi 30. Et sur une piste défoncée, cela compte énormément.
Nous dépassons d’abord une usine de conditionnement de sisal (Agave sisalana). Deux gardiens sympathisent avec nous, nous questionnent sur le voyage (but religieux ou simplement du tourisme?). Nous nous enfonçons encore et encore dans les terres. Nous avons de plus en plus de bonjour, de moins en moins en anglais. Avant midi, nous traversons l’équateur. Je crois que par voie terrestre, c’est une première pour moi !
Le pic nic est pris sous des yeux interrogatifs d’une famille, mi amusée mi craintive. Aucun mot ne sortira de leur bouche à notre égard, tout juste un signe de la main en réponse à notre au-revoir. La piste toujours, le soleil se fait de plus en plus proche, l’air se chauffe. L’environnement, la flore, la sécheresse de l’air… tout va radicalement changer en quelques kilomètres. Amandine en manche courte cuit, je remercie mon t-shirt manche longue décathlon d’un blanc bien tâché mais efficace contre les ultra-violets !
Les arbres sont plus clairsemés, plus bas. La poussière est plus que jamais présente et colore tout d’un ocre un peu triste.
Amandine a un grand cœur, à souffrir dans ce désert, sur une piste de plus en plus pierreuse.
Elle n’est pas la seule à souffrir : une accroche de sacoche rompt à l’avant de mon vélo. Le porte gourde d’Amandine s’affaisse. Nous rafistolons comme on peut, toujours sous les yeux amusés d’un chaland.
Des villages ponctuent notre parcours. Nous croisons une école à la sortie des classes. 40 élèves de primaires galopants vers nous et nos deux vélos ! Les plus téméraires vont jusqu’à toucher les vélos, les sacoches. Mais ils restent d’un mutisme assourdissant. Quand nous repartons, c’est avec les même 40 qui nous courent après, devant, sur les côtés. En souriant, en regardant. Mais pas de parole ! Certains nous suivent plus de 10 minutes ! Mais en réalité, le Kenyan ne fait pas d’effort inutile : il s’arrête de nous suivre à l’embranchement de sa maison. Nous lui avons juste permis de faire le trajet plus rapidement et avec quelques animations ! De blanc virant au rose en vélo avec sacoches bariolées, ce n’est pas tous les jours.
Le soleil reprend le dessus, le moral tente de maintenir le rythme de pédalage… Une grande descente et nous voyons ce lac Bogoria, enfin ! La porte du parc paraît abandonnée, mais en moins de 2 minutes, un gardien est là.
Nous apprenons avec stupéfaction que le prix d’entrée est deux fois plus cher que celui indiqué dans notre guide, édité en juillet 2015 !! La bonne gestionnaire qu’est Amandine ne peut le supporter. Elle fonds en larme devant le garde, qui voit bien le problème… Nous montrons le guide pour indiquer notre bonne foi. Nous suscitons son empathie, deux cyclistes, au bout de leur effort à l’entrée de son parc… désert. Le précédent passage date du 2 janvier. Un passage par mois, un garde à plein temps. Le Kenya subit de plein fouet une diminution de la fréquentation touristique (terrorisme, concurrence su les safaris des autres pays d’Afrique, etc…).
Le garde s’arrange pour nous faire une « formule étudiants », qui par miracle tombe pile sur la somme que nous avions prévue : 60 € (entrée + camping sauvage (bien sûr, tous les sites de camping ont été détruits).
Nous finissons 1 km plus bas, à coté d’une rivière pour un bivouac bien mérité. Trouver de l’eau ici est une surprise ravissante.
Nous avons ainsi l’occasion de tester grandeur nature notre filtre à eau.
Mardi 2 février
Chaleur, voilà le mot d’aujourd’hui. Même à notre arrivée, à Marigat, impossible de se refroidir : le filet de d’eau de la douche, le lait frais. Seule la bière nous procure rafraîchissement… temporaire.
La chambre a cuit toute la soirée (nous sommes côté ouest). Le mur restitue la chaleur. Cette chambre est un four où nous mijotons dans notre sueur.
J’avais tout faux sur cette remontée du lac. Il s’est tissé une harmonie hostile : seuls, suivant le lac d’une odeur nauséabonde (il est salé en réalité!!), avec des sources d’eau chaude. Soleil de plomb et crissement de nos pneus sur les cailloux de cette piste défoncée. Des singes (espèce non identifiée) nous hurlent dessus si l’on s’approche de trop prêt de leur territoire, au détour d’un virage. Amandine perd une gourde. 25 minutes de course aller-retour pour la retrouver.
Mais tout se brise vers 11h00, lors nous croisons un gros 4×4 avec deux blancs. De la vie humaine peut s’aventurer en réalité jusqu’ici, avec l’air conditionné.
Cette journée est pour moi la plus difficile parcourue jusqu’ici. Pour preuve, j’arrive assoifée à Marigat. Je commande une bière fraîche et me retrouve avec … un litre de lait frais (mais très chaud!). Stupeur ! Nous trois (les Kenyans, l’anglais et moi) ne faisons pas bon ménage…
Mercredi 3 février
Petite journée à vélo ! Impératif pour récupérer. Seulement 18 km, mais sur une route qui se transforme en piste quelques kilomètre après Marigat. Départ matinal, arrivée à 9h45. Toute la journée pour se reposer dans un camping en bord du lac Baringo. Chats échaudés cherchent l’ombre.
Nous devons avoir des mines défaites, car nous croisons une famille suisse en camping car (!) qui nous invite à boire un thé dès qu’ils nous voient. Ils se donnent un an pour découvrir l’Afrique du Cap de Bonne-Espérance à l’équateur : Papa, maman et 6 de leurs enfants (nous avons compris qu’ils en avaient au moins deux de plus!). Belle rencontre.
L’après midi, nous la passons sur le lac, avec Jean-Pierre, notre guide rencontré sur la route. Comme de nombreux autres Kenyans du coin, il parle français. L’agence « Nouvelle Frontière » avait une base ici. Ce temps révolu, nous avons à faire qu’à des indépendants qui négocient (bien!) leur prestation. Belle entrevue des oiseaux, hippopotames et crocodiles du lac. Ces derniers n’effraient pas les enfants qui se baignent gaiement !
Nous allons à la rencontre d’un village de pêcheurs Masaï sur l’une des îles du lac. La rencontre est « artificielle », mais Amandine a le contact facile avec eux. Elle donne de l’appareil photo pour leur grand plaisir. Mais nous sentons que la vrai valeur reste l’argent que l’on peut leur donner : Amandine ramène ainsi un de leur jolis petits bracelets.
Nous regagnons le camping, sous un ciel étoilé magnifique (un groupe de 12 français semblent sur place pour justement faire un peu d’astronomie).
Sous notre tente, en pleine nuit, nous sommes perturbés par des grognement. Les hippos sont à 20 mètres pour brouter. Leur ombre est gigantesque ! Nous nous faisons tout petits et ouvrons grand les yeux. Le spectacle est magique.
Super, c’est pas mal d’avoir l’article et les photos après, j’ai fait plus d’effort pour vous imaginer!
Je n’avais pas pensé que votre passage dans ces contrées pourrait être interprété comme du tourisme religieux! !! quelle religion d’ailleurs? en tout cas, on voit que Jean n’est pas très fortiche de ce coté là car foi s’écrit sans e à la fin (hi hi).
Et franchir l’équateur dans ce sens là, il faut le faire, vraiment!!
Sinon, c’est plutôt cher le camping, ils ne s’en font pas les kenyans…
Et avez vous vu des oiseaux au lac BOGORIA?
Bravo pour la photo de l’aigle pêcheur!
Bises ++++ et bon courage, profitez de tout car ici on se fait ….. au boulot….
C’est bieeeeng Plateeeet! J’imagine que tu vides ta crème 50 plus vite qu’en Thaïlande 😉
etre reveille en pleine nuit par des hippo a 20 metres de sa tente…. le spectacle est magique ok…mais ca doit quand meme etre un peu flippant!
Super en tout cas, bon courage!!!
Merci pour ces belles photos !
Bibou , prends bien soin d’Amandine car le périple africain me parait difficile .
Vous rencontrez de gros animaux mais qu’en est-il des petits ?
Je veux bien sûr parler des moustiques !
Bises à vous 2 et bon courage .
Que c’est beau ! Quel courage de pédaler dans cette chaleur … et ce n’est pas fini !
On attend le prochain passage de l’équateur dans l’autre sens 😉
Bravo pour les anecdotes et les superbes photos : les sourires de la famille Massaï font chaud au coeur… Merci de ‘partager’ tout ce voyage avec nous.
Bises à tous les deux et à votre prochaine connection !
Que vous soyez sur le bitume entre camions et piétons, sur les chemins de surprises boueux et pierreux, sous un ciel capricieux de déluge de pluie ou de chaleur, je vous sens quelque peu en mode de survie permanente ….sourire….
Koh- lanta
J’attrape tous vos bisous transpirant
Et si vous changiez de véhicule ?
Oui, je sais : on aime nos vélos…
Pensez à la montgolfière …..
“de blanc virant au rose” ahah c’est vrai que l’on passe par toutes les couleurs … merci pour ces récits c’est passionnant vivement le prochain !!! bise à vous deux
Et top les photos !!!
Amusant de vous lire et de voir vos photos sous la neige de serre chevalier……
je vous envoie qq boules de neige pour vous rafraîchir
biz
Quel plaisir de vous lire, du fin fond de notre Bresse pluvieuse et grise (mais douillette…) !
J’admire les photos, vos récits, votre dynamisme.
Merci de nous faire partager vos belles aventures !
Je suis fan!!!