PEMBA nous a « couté » 160 km : 80 à l’aller et autant au retour. La route est un cul-de-sac. Mais, surtout en vélo, il ne faut pas céder à une logique seulement comptable sous peine de perdre de l’essence même du voyage.
PEMBA est la capitale de la province de CABO DELGADO, cette province longtemps déshéritée du nord du Mozambique.
PEMBA est à son image : longtemps assoupie, croulant sous le poids du temps qui ronge et décolore tout sur son passage, elle a reçu un bon coup de fouet dernièrement. Un coup de fouet qui sent le gaz. D’énormes gisements de pétrole et de gaz ont été identifiés. Une manne financière colossale qui pour le moment se traduit par l’attraction de sociétés étrangères lorgnant sur les profits et l’exotisme. Se retrouvent les Schlumberger, Total, BP, etc… Mais également toutes les activités annexes générées par cette locomotive : transport/logistique (Bolloré, CMA-CGM, etc…), hôtellerie/restauration.
Cette dichotomie entre l’ancien et le nouveau, l’endormie et le réveil en sursaut se lit sur les plis du la ville, encore bien visible, à la manière de la peau conservant quelque temps après le réveil les marques des draps froissés.
La ville dévale la langue de terre coincée entre une baie large aux couleurs profondes et l’océan indien reflétant un soleil lourd. Au sommet, sur la crête, par où arrive le voyageur qu’il soit ou non à bicyclette, s’entremêlent les zones d’activités et les entreprises dernièrement implantées. La locomotive est bien en haut de la ville, au plus loin du village des pêcheurs, tout au bout de la langue de terre, presque au niveau de l’eau et noyé dans sa tradition de bateaux frêles à voile blanche, de maisons de roseaux aux toits de tôle, de longues plages à marée basse qui découvrent des cadavres innombrables de plastiques et autres déchets non périssables. Ce village dans la ville a conservé son nom, premier rempart de son identité : PAQUITEQUETE. Il ferme la baie et ouvre l’océan.
Entre les deux, la vielles ville, faites d’immeubles défraîchis et de maisons de riches commerçants ou cadres ayant tirés leurs épingles du jeu. Un centre-ville qui s’anime le jour, mais toujours avec nonchalance et patience : les larges rues et les commerces espacés agissent comme un tampon aux ardeurs dont se revêtent habituellement les activités urbaines. Le soir, en revanche, l’air venu de l’océan s’approprie ces espaces délaissés par l’activité. Tout passant endosse dans l’obscurité les attitudes et la silhouette du rôdeur.
Enfin, côté océan indien, d’où vient le vent qui allège le poids du corps et de la tête au plus fort de la chaleur, s’égrainent en chapelet encore dégarni les hôtels et restaurants. La plage est tantôt de sable tantôt de rocs, tantôt du bleu de l’eau tantôt du noir et du vert de la pierre et de ses algues. Une rue fait tout le tour de la ville, depuis la baie jusqu’à la mer en passant pêle-mêle par le haut de la vieille ville, le quartier de pêcheur PAQUITEQUETE jusqu’aux hôtels et restaurants. Cette rue a pour nom « Avenido Marginal ». La Marginal s’emplit et de désemplit au fil des heures et des jours. Nous avons la chance de la parcourir le dimanche, dans une furie de jeunes et de familles recherchant un coin de sable pour se poser, un coin de l’oeil pour se pavaner. Nous la découvrons le lundi, déserte et réservée aux quelques vacanciers qui la parcourent comme égarés.
PEMBA, nous avons soufflé seulement le temps de l’appréhender. Curieux mélange. Gageons que l’or noir saura faire prendre une mayonnaise dont nous avons pour le moment tous les ingrédients bien séparés voire cloisonnés.
Cette métaphore des traces laissées pas les draps m’a clouée! L’océan est bon?
La différence entre l’océan tanzanien et mozambicain, c’est que ce dernier rafraîchit ! Donc encore mieux!
bah! +ou- 80km quand on aime ………
et voilà jean écrivain!
oui ; une bien belle prose magnifiquement illustrée ! merci Jean
Le pied vous vous baignez !! Vous allez voir la différence ,ici le matin il fait encore froid et du vent !!!!
Quelles péripéties!
Bonne fin d’aventure Africaine (pour ce périple)
Bisous admiratifs……..
Quel voyage! Profitez bien on pense à vous. Le velo, c’est la base 🙂 Biz a tres bientot
Franchement j’adore la photo des pêcheurs au travail, pleine de grâce. Mais quelles sont ces cordes et que font ils exactement??
Oui, nous sommes admiratifs
Vous me donnez des idées d’aventures mais ce sera en vélo électrique et à moins de 100km de montpellier